Les infections bucco-dentaires ne touchent pas que les dents


Mise en ligne : 26 mars 2014 par Dentalespace

Si les infections dentaires constituent une part importante de la pathologie buccale, la muqueuse qui tapisse les parois de la bouche et les glandes salivaires n'est pas épargnée.

PhotoÀ la frontière entre chirurgie dentaire, dermatologie et ORL, le diagnostic des infections de la bouche en est parfois retardé.
  • Lésions virales: herpès, zona, papillomavirus
Certaines lésions virales peuvent être prises à tort pour une gingivite. Ainsi des récurrences d'herpès, formant souvent de petites érosions en bouquet sur les gencives, la muqueuse ou le palais. «Chez l'adulte, elles sont traitées par antiseptiques, et chez les patients immunodéprimés par des antiviraux», explique le Dr Frederick Gaultier (dermatologie buccale, CHU Henri Mondor, Créteil). Autre atteinte virale, le zona, limité parfois à la bouche ou au palais, guérit spontanément. Le traitement antiseptique par des bains de bouche vise aussi à réduire la douleur. Il peut comporter des antiviraux si les défenses immunitaires sont affaiblies, des antibiotiques en cas de surinfection, mais l'aspirine et les anti-inflammatoires (AINS) sont contre-indiqués.

D'autres virus vont provoquer des végétations, des excroissances sur la gencive, la muqueuse. C'est le cas des papillomavirus à l'origine de papillomes ou de condylomes buccaux. «La contamination se fait par contact bucco-génital pour les condylomes. Outre l'ablation des lésions et leur examen histologique, il faut rechercher d'autres localisations, y compris chez les partenaires», indique le Dr Gaultier. Ces infections ne sont pas anodines: «Les papillomavirus ont un pouvoir oncogène local démontré dans le cancer du col utérin. Il existe aussi une association entre les infections buccales à papillomavirus et les cancers de la bouche, mais le lien de causalité n'est démontré que pour celui des amygdales.»
  • Les mycoses: muguet, candidose érythémateuse, perlèche...
Les mycoses (champignons ou levures) peuvent être juste la conséquence d'une modification de l'écologie buccale, par exemple un excès de bains de bouche qui réduit trop la flore bactérienne. Elles sont aussi favorisées par l'immunodépression, les troubles endocriniens, les déficits nutritionnels, les traitements antibiotiques ou par corticoïdes prolongés, le tabagisme, etc.

«La plus fréquente, le muguet, se manifeste par un enduit blanchâtre et se traite par une hygiène adaptée, la réduction des facteurs de risques et un antifongique, l'amphotéricine B», explique le praticien. Même chose pour la candidose érythémateuse, souvent associée à un traitement antibiotique prolongé, et parfois chronique, qui donne des lésions rouges. Ou pour la perlèche, autre candidose chronique qui siège à la commissure des lèvres. La candidose kératosique, souvent localisée en arrière de cette commissure, est considérée comme une lésion précancéreuse.

«Les candidoses se voient beaucoup aux âges extrêmes de la vie, quand l'immunité est encore fragile ou déjà affaiblie», indique le Dr Jean-Hugues Catherine. «Ces microbes ont aussi un tropisme particulier pour les prothèses dentaires amovibles en résine, qui doivent être nettoyées avec soin et contrôlées régulièrement.»
  • Les infections des glandes salivaires
Les glandes salivaires peuvent également être le siège d'infections, dues soit aux germes habituels de la bouche, soit au virus des oreillons, plus rares depuis la vaccination. Comme le rappelle le Dr Catherine, «la salive est normalement stérile. Lorsque son écoulement est bloqué par un obstacle comme un calcul salivaire, les bactéries buccales peuvent remonter et être à l'origine d'une infection du conduit ou de la glande».

Source: Le Figaro Santé