Être gentil, c'est bon pour la santé ?




Rendre service à un voisin, visiter un parent malade, laisser sa place dans les transports, tenir une porte ou tout simplement sourire, remercier... Ces attentions sont synonymes d'empathie et d'entraide et, on l'a peut-être oublié, elles sont naturelles. La solidarité s'observe d'ailleurs dans de nombreuses sociétés animales et même dans le monde végétal. D'après les dernières recherches, l'altruisme est en fait une des pierres angulaires de la continuation des espèces.

Dessin
La gentillesse serait donc notre nature profonde et un bien nécessaire. Sans gentillesse, point de salut et de survie ! "L'empathie émotionnelle se manifeste très précocement puisque, dès les premières heures suivant leur naissance, les bébés réagissent à la détresse de congénères en pleurant", explique Jacques Lecomte, docteur en psychologie.

On a aussi pu observer l'empathie innée des tout-petits. À un an, si un enfant voit quelqu'un en difficulté, il lui viendra spontanément en aide. Plus tard, à l'âge adulte, on sait, grâce à l'imagerie médicale, que lorsque nous sommes généreux les zones de satisfaction et de récompense de notre cerveau s'activent, alors qu'à l'inverse ce sont celles du dégoût qui se mettent en marche quand nous sommes confrontés à une injustice. Tout s'orchestre comme si nous étions programmés pour être bons et généreux. En fait, seul un petit pourcentage de personnes n'aurait pas cette propension à l'empathie du fait d'une maladie neurophysiologique (les psychopathes, par exemple). Pas étonnant, du coup, que les personnes les plus gentilles au quotidien soient aussi celles qui s'estiment les plus heureuses.

Moins stressé et plus épanoui

Les études montrent que, lorsque nous agissons de manière généreuse, nous sécrétons plus de sérotonine, l'hormone de la bonne humeur qui permet notamment de limiter l'agressivité. Les bonnes actions améliorent aussi notre immunité en réduisant le stress. En effet, lorsque nous sommes sous tension, nous produisons plus de cortisol, une des hormones du stress, qui, à la longue, impacte toute notre santé à commencer par notre système immunitaire. L'entraide est également un rempart contre la solitude et ses méfaits. On sait par exemple que les relations sociales préservent le cerveau et le cœur et sont des gages de longévité. Lors d'une étude menée auprès d'un groupe de bénévoles, ces derniers avaient effectivement le sentiment d'une meilleure qualité de vie, d'une meilleure estime d'eux-mêmes. Ils étaient moins dépressifs que la normale et semblaient moins concernés par la maladie d'Alzheimer.

Plus intelligent ?

L'altruisme semble en fait bénéfique au cerveau dans son ensemble. À la suite d'une rencontre avec le Dalaï-Lama il y a treize ans, Richard Davidson, spécialiste des neurosciences, s'est lancé dans l'étude de la compassion. Après deux semaines d'entraînement sur l'empathie (via des méditations axées sur des pensées généreuses), le cerveau est comme transformé : des connexions entre le cortex préfrontal et d'autres régions du cerveau liées à la compassion nous rendent plus intuitifs et plus aptes à ressentir les souffrances de l'autre. Les bonnes actions nous rendraient-elles plus intelligents ? En tout cas, les approches positives et bienveillantes expriment à coup sûr le meilleur de nous. Aux États-Unis, des enfants de primaire qui ont suivi un enseignement basé sur les émotions et la sensibilisation aux relations sociales et à l'entraide ont obtenu des résultats à des tests de mathématiques et de lecture de 10 % supérieurs à la moyenne. D'autres études américaines montrent aussi que les enfants sociables et attentifs aux autres sont plus populaires, meilleurs à l'école et mieux dans leur peau.

Avoir du cœur, bon pour le cœur

Notre cœur n'est pas qu'un muscle, mais une sorte de deuxième cerveau qui contient quelque 40 000 neurones. Le cœur réagit particulièrement aux émotions, plus encore que le cerveau, avec lequel il entretient d'étroites relations. Alors que les pensées négatives telles que le ressentiment augmentent le rythme cardiaque et la pression artérielle, la générosité et le pardon abaissent le stress physiologique et calment le cœur. Sachez qu'en plus la gentillesse est contagieuse : quand on voit quelqu'un faire une bonne action, on aspire à faire de même.

Source: Sophie Bartczak, Le Point Santé